“Il y a trop de gens qui regrettent le passé qu’ils n’ont pas vécu”, c’est par cette citation de Pierre Sclaminec qu’Emmanuel Laurentin ouvre son livre La France et ses paysans. L’homme de radio avait rencontré et interviewé cet agriculteur “moderniste” de Plozévet en 2002, lors des premières Rencontres régionales CNRS “Sciences et Citoyens” de Plozévet. Une partie de son témoignage, avec ceux notamment de Marie-Jeanne Mao, Pierrot Stéphan, Jean-Claude Stourm, Pierrot Bosser, avait été intégré dans son remarquable documentaire radio, que nous avons diffusé le 18 septembre dernier, “Paris-Plozévet-Paris, et retour”.

Interviewé hier matin (23 février 2012) sur France Inter pour présenter son livre, l’émission débute aussi par cette citation. Celle-ci traduit bien le ton de l’ouvrage, replaçant la révolution moderniste des années cinquante-soixante dans le contexte d’un passé le plus souvent synonyme de travail pénible et éprouvant et de dénuement matériel. Emmanuel Laurentin, fils de paysan, qui a eu de nombreuses discussions avec son père se rappelant les combats de ces années-là, était bien placé pour nous retracer ces 80 années de transformations de l’agriculture et du monde rural, jusqu’aux bouleversements rapides des années cinquante-soixante, avec abandon de la traction animale, mécanisation et modernisation domestique que permet l’arrivée de l’eau courante et de l’électricité, transformation des modes de vie, fin de la cohabitation, autonomie croissante des femmes. Sans compter les combats politiques qui, de la Bretagne des années soixante au Larzac des années soixante-dix, émaillent cette période.

Lors de son passage à Plozévet en septembre dernier, plusieurs Plozévétiens de l’assistance nous avaient dit attendre avec impatience la publication de son livre. C’est chose faite aujourd’hui. Gageons qu’ils seront nombreux à le lire. Et à venir l’écouter, si, profitant d’un de ses passages dans notre région, Emmanuel Laurentin revenait nous voir à Plozévet..

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