De retour du colloque “Université et territoires”

Co-organisé par la Maison des Sciences de l’Homme Ange-Guépin et la Maison des Sciences de l’Homme en Bretagne, en partenariat avec la revue Place Publique (éditions de Nantes et Rennes), le colloque s’est tenu les 8 et 9 février à l’Hôtel de Région à Nantes. Les rapports entre les collectivités territoriales, l’université et la recherche étaient au coeur de la réflexion et des débats. Différents acteurs, élus des collectivités, chercheurs et universitaires, sont venus présenter leur vision, leur projet, les enjeux et perspectives de ses politiques, entre coopération et compétition… Un temps a par ailleurs été consacré à la comparaison internationale.

Le programme en ligne.

A cette occasion, Plozarch a été convié à participer à la soirée cinéma du mardi soir, organisée en partenariat avec le Laboratoire Langages, Actions Urbaines, Altérité (LAUA) à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Nantes. On peut rappeler que notre projet autour des archives de l’Action Concertée de Plozévet s’inscrit, de manière modeste, dans cette problématique des rapports entre université et territoires. Répondant au programme ASOSC (appropriation sociale des sciences par le citoyen) proposé  et financé par la Région Bretagne, Plozarch repose sur un partenariat entre le Centre de Recherche Historique de l’Ouest (CERHIO) de Rennes 2 et la commune de Plozévet.

Cette soirée cinéma aura donc été l’occasion de diffuser le film “Les pêcheurs de Pors Poulhan” réalisé par Robert et Monique Gessain en 1965 (Musée de Bretagne et Cinémathèque de Bretagne) et d’évoquer nos recherches-actions en cours. Merci aux organisateurs de ce colloque et à ses partenaires.


Une réflexion sur « De retour du colloque “Université et territoires” »

  1. Malheureusement, pris par nos obligations de Plozarch, nous n’avons pas eu le temps de participer à l’ensemble de ce colloque. Dommage : les thèmes abordés concernaient directement l’avenir de l’Université et de la recherche. Car, avec la nouvelle gouvernance des politiques publiques menée par le gouvernement actuel, avec la réforme des Universités et des grands organismes de recherche, avec la série des “Ex” (Équipex, Labex, Idex – un jargon dans lequel on se perd facilement), se dessine une nouvelle carte universitaire. Des pôles “d’excellence” et des universités de seconde zone, en quelque sorte ; comment se situer dans un tel contexte ? Les Universités de Bretagne et de Pays de la Loire se sont réunies, posant leur candidature à l’appel à projets “Initiatives d’excellence” (Idex). Il s’agit d’un projet inter-régional fédérant les universités autour de 5 grands pôles thématiques : un pôle mer, un pôle sciences et techniques de l’information et de la communication, un pôle biothérapie, un pôle environnement, agronomie, santé, les sciences humaines rayonnant sur les pôles précédents.
    Voir le communiqué de presse de l’Université européenne de Bretagne : http://www.ueb.eu/digitalAssets/60/60930_CP_IDEX_UEB_UNAM.pdf.
    Pour télécharger le projet IC Ouest : http://www.ueb.eu/digitalAssets/60/60937_ICOuest-Projet-IDEX-UEB-LUNAM.pdf

    Si cette politique “d’excellence” est loin de faire l’unanimité des universitaires et des chercheurs, cette mise en concurrence heurtant leur déontologie (voir le site de Sauvons la recherche – http://sauvonslarecherche.fr), fallait-il refuser de répondre à l’appel à projets gouvernemental ? Cette question a été soulevée par plusieurs personnes de la salle lors de la table ronde de mardi après-midi. Rejeter une politique gouvernementale aux règles plus que floues ou essayer d’en tirer parti ; dans la salle des voix semblaient plus proches de la première démarche. L’un a même comparé les présidents des Universités à ces “Bourgeois de Calais” qui livrèrent leur ville aux Anglais… Ce à quoi il lui fut répondu en termes wébériens : à l’éthique de conviction, ils avaient préféré l’éthique de responsabilité…

    Quoi qu’il en soit, je me suis interrogé sur les raisons qui avaient incité les organisateurs de ce colloque à faire appel aux enquêtes de Plozévet et à Plozarch pour la soirée conviviale. Était-ce pour se souvenir d’une certaine période où universitaires et chercheurs étaient largement moins sous la pression des politiques gouvernementales. Rappelons-nous comment furent décidées les enquêtes de Plozévet ! Nous étions à une époque de grand développement des sciences, dont les sciences humaines et sociales, avec croissance des dotations budgétaires et recrutement en personnel statutaire. Dans ce développement, les grandes enquêtes collectives interdisciplinaires du genre de celles de Plozévet ont joué un rôle assez considérable dans l’émergence de nouveaux thèmes de recherche, de nouvelles méthodes de travail, comme dans leur institutionnalisation sous la houlette d’un certain mandarinat. Tout ceci s’organisant sans doute sous les directives gouvernementales, mais, cependant, sans programmation imposée excessive . Voir : http://plozcorpus.tge-adonis.fr/?page_id=324.
    Nous étions loin des procédures actuelles avec le bureaucratisme de leurs appels à projets, avec la mise en concurrence permanente que ceux-ci induisent et leur évaluation formatée… À propos de l’évaluation en SHS et de la politique des “Ex”, voir : http://evaluation.hypotheses.org/

    Toujours est-il que “Les pêcheurs de Pors Poulhan” a suscité pas mal d’intérêts. Et une certaine nostalgie chez les personnes qui ont plus ou moins connu cette époque, avec évocation de souvenirs d’enfance ou de jeunesse. Il n’y a donc pas qu’à Plozévet que ces films stimulent la mémoire. L’un m’a parlé de la pêche en Loire (nous étions à Nantes) et de la guerre des civelles, l’autre m’a évoqué ses pêches à pied. Au petit déjeuner du lendemain, une conversation s’est engagée autour de l’histoire des enquêtes, tout en évoquant d’autres enquêtes collectives interdisciplinaires en Bretagne que je ne connaissais pas. Une nouvelle fois, j’ai pu mesurer combien les enquêtes de Plozévet faisaient encore référence en SHS, auréolé cependant de quelques légendes, dont celle qui revêt Edgar Morin en chef d’orchestre de l’ensemble. Mais, curieusement, il n’a pas été fait mention des remous suscités par son livre, même si on s’est plu à souligner le côté parisien de l’affaire.

    Je tiens à remercier les organisateurs de ce colloque de nous y avoir convié. Malgré la brièveté de notre passage, dont je m’excuse, j’ai un peu mieux compris les enjeux de ces fameux “Ex”, cet enchevêtrement administrativo-politique qui échappe largement à l’homme de terrain que je suis.

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