45 ans après avoir arpenté le terrain, Jean-Pierre Le Bolloch est repassé par Plozévet. Ayant étudié le hameau de Brumphuez, d’août à novembre 1965, dans le cadre du travail d’enquête dirigé par Edgar Morin, il s’interroge sur les changements intervenus depuis.

“Plozévet

A la suite d’une étude sociologique menée au début des années 1960, Edgar Morin présentait une image d’une « commune en France » Plozévet. On y voyait des forces en mouvement, des oppositions, des convergences, des débats ; on y voyait une commune comme beaucoup d’autres, mais également originale, qui commençait à évoluer après avoir été plutôt stable. Tradition et modernité allaient se conjuguer. Il serait intéressant maintenant de relire cette enquête, avec le recul du temps, pour pointer les axes majeurs d’évolution passés et à venir.

D’abord pour analyser les changements. On a une photographie des débuts des années 60 mais bien des changements se sont produits depuis : le monde agricole, les courants commerciaux, l’habitat, les équipements, comme l’emploi, les habitudes de vie. On pourrait tracer un tableau quasi physique des changements intervenus en 50 ans dans une commune d’en France.

L’enquête allait beaucoup plus loin que ce relevé statistique, de l’extérieur ; elle se plaçait au cœur de la population pour saisir les courants de fond, les forces en action, ce qui faisait débat. Où en est-on aujourd’hui, qu’est-ce qui est dépassé, permanent, nouveau. Ce genre d’étude dite de terrain n’est pas fréquent, il faudrait la compléter par une coupe à travers le temps.

Le moment est opportun. L’enquête de 1960 se plaçait au début d’un cycle ; c’était un tournant pour l’agriculture, l’école, les jeunes, les loisirs et le tourisme, l’emploi aussi. Est-on à la fin du cycle ? Le monde agricole s’interroge sur son modèle, l’aménagement du littoral est-il à repenser, le tourisme est-il une activité d’avenir, on voudrait travailler au pays mais peut-être devra-t-on s’adapter aux délocalisations ; est-on plus « enclavé », comme avant, que connecté au monde. Qu’y a-t-il après une certaine croissance, une croissance différente, une décroissance.  Aurons-nous plus de retour au mode ancien, à la tradition, qu’à la modernité. Sans refaire l’enquête, à l’identique, trop cher, trop long, il serait intéressant de revenir sur le terrain, d’interroger ceux qui étaient là en 60, les expatriés, les nouveau venus, les jeunes. Pour voir où sont aujourd’hui les enjeux dominants.

Un demi-siècle est passé. Ne soyons pas fétichiste. Mais si nous pouvions un peu éclairer un avenir incertain, cela pourrait intéresser les instances directrices, la commune et le grand public, de Plozévet et d’ailleurs.”

Jean Pierre Le Bolloch, mai 2010

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